Clairembault sur Monson – Ce devait être le point d’orgue de sa carrière de maire (Divers UMP) du village et Henri, qui est aussi le président de l’aéro-club de la Vallée de la Mouchereuse, était persuadé à la signature de ce contrat avec l’entreprise de nivellement et de surfaçage polonaise qu’il avait choisie, que ses administrés et les membres de l’association ne feraient rien de mieux que de lui élever une statue.

Las. Il reconnait qu’il aurait dû se douter qu’un devis 7 fois moins cher que les autres cachait certainement des failles et il le dit: «J’aurais dû me douter qu’un devis 7 fois moins cher que les autres cachait certainement des failles» a-t-il reconnu au micro de notre envoyé spécial. Mais il pensait certainement, en cela comme tous les français qui écoutent BFMTV et I>Télé, que les salaires en Pologne étaient si bas qu’ils permettaient de baisser les prix au-delà de toutes mesures. Aussi quand l’entreprise AVIANIKAJ Sp. z o.o. Sp. K. s’est présentée à lui et que le commercial, parlant un mauvais français mais sachant manier les chiffres, lui a fait l’article des compétences de sa société spécialisée dans le revêtement de surface avec du bitume pour aérodrome, il n’a pas hésité une seule seconde. Surtout que les plans, qui ne montraient que le début et la fin de la piste à bitumer étaient parfaits. Bien sur, il le reconnait aujourd’hui, les plans ne montraient pas le milieu de la piste mais quel intérêt, tout le monde sait comment se présente une piste pour avions. Il l’avoue au micro: «les plans ne montraient pas le milieu de la piste mais quel intérêt, tout le monde sait comment se présente une piste pour avions». Les travaux ont débuté aussitôt après que le paiement a été effectuée par le Crédit Agricole de la Vallée de la Mouchereuse, dont le directeur est aussi un des pilotes de l’aéro-club et également le vice-président. Après deux semaines et alors que tous les ouvriers avaient déserté le site, le maire est venu constater l’avancée des travaux et a été fort surpris de ne voir sur l’emplacement de l’ancienne piste en herbe, que deux parties bitumées à chaque extrémité. Il avait payé pour une piste complète mais n’en avait obtenu que deux petits morceaux, certes conformes aux plans, mais pas d’une extraordinaire utilité puisque les avions ne faisaient que les survoler pour continuer à se poser dans l’herbe.

L’avocat a été malheureusement formel et le dit: «Je suis formel». Le contrat signé est conforme aux plans et il ne peut être question d’envisager des poursuites. La Gendarmerie a toutefois enregistré la plainte de Henri mais lui a glissé en confidence qu’il n’était pas le seul maire de la région à s’être fait avoir par cette entreprise polonaise. Moult plaintes ont été reçues pour des rond-points construits sans routes d’accès, des moitiés de ponts ou des bâtiments avec juste les murs extérieurs et le toit. Henri a compris que la mondialisation n’a pas que du bon et le reconnait: «J’ai compris que la mondialisation n’a pas que du bon».