Orly – Jean-Léon Mercadier est bien connu sur les bords de piste de l’aéroport d’Orly et peut même se vanter d’être le porteur de l’autorisation préfectorale numéro 1 qui a été donnée aux ‘spotteurs‘, ces photographes que l’on rencontre habituellement non loin des aéroports, et vient récemment récompensé par le Guiness Book des Records pour avoir pris sa 100.000ème photo d’un pneu d’avion.

Jean-Léon a commencé en 1955, alors que l’aéroport n’était fréquenté que par des appareils à hélice, quelques années avant que les avions à réaction ne viennent chambouler le monde du transport aérien. A l’époque, avec son Leica M3, il a commencé à prendre en photo, tous les weekends, les appareils qui roulaient sur les taxiways. Il reconnait lui-même qu’il était chanceux et que les mesures de sécurité, peu restrictives, permettaient de s’approcher de très près des avions. C’est ainsi qu’il a commencé à prendre en photo des pneus de train d’atterrissage et s’y est ensuite spécialisé. Il n’a jamais eu goût pour d’autres parties de l’avion, n’a jamais eu envie ni plaisir à tirer le portrait des pilotes ou des membres d’équipage. Il s’est essayé pendant quelques instants à prendre des photos du grillage de protection ou même des trous dans ces grillages mais s’est rapidement rendu compte qu’il n’était pas fait pour ça. Des jeunes sont rapidement arrivés à ses côtés, avec des appareils de plus en plus modernes, qui prenaient des photos de plus en plus nettes et précises mais Jean-Léon s’est rapidement demandé si les ‘spotteurs’, comme on les appelait maintenant, n’appréciaient pas plus la photographie que les avions et n’étaient pas plus empressés de mettre leur nom en bonne position sur la photo que de cadrer le sujet de celle-ci. Et lorsqu’il a appris que certains d’entre eux s’écharpaient sur le moindre détail et se menaçaient de procès parce que l’un aurait plagié l’image d’un brin d’herbe précédemment capturée par un autre, il s’est estimé heureux d’avoir conservé le même cap depuis toutes ces années et d’être maintenant à la tête d’une collection de photos de pneus de plus de 100.000 clichés, argentiques et numériques depuis quelques années.

Jean-Léon reconnait qu’il a été tenté pour se diversifier et photographier ses flotteurs d’hydravions ou des chenilles ou skis d’avions se posant sur la neige, mais finalement, a préféré en rester à ses premiers amours. A un journaliste qui lui demandait s’il ne trouvait pas ça un peu fastidieux à la longue, Jean-Léon a répondu que c’était là, très exactement le plaisir du spotteur. Prendre mille fois la même photo, la publier mille fois et s’auto-congratuler mille fois.