Roissy – C’est un homme excédé que notre journaliste a rencontré alors qu’il venait pour la septième fois de se faire insulter par un chauffeur de taxi sur le trottoir de l’aéroport de Roissy, à peine était-il descendu de l’avion de New-York, et ne demandait qu’une seule et petite chose : se faire transporter vers les bureaux de sa société, dans le XIVème arrondissement parisien.

Il faut dire que Hubert D. Pope ne maîtrise guère le français, cette langue de l’inutile, comme il aime à le répéter, seulement parlée par les diplomates et quelques pays impossibles à placer sur la carte. Et à chaque fois qu’il indique son nom à un chauffeur de taxi, celui-ci le regarde avec méchanceté avant de lui débiter un flot d’insultes incompréhensible. L’un d’eux a même pris sa valise à plein bras avant de la jeter sous les roues d’un bus passant à proximité en criant son nom ‘Hubert Pope’, ‘Hubert Pope’ plusieurs fois avant de cracher sur le sol comme s’il venait d’avaler le démon. Et pourtant, question diable, démon et autres divinités malfaisantes, Hubert Pope en connait un rayon puisqu’il est habitué à composer avec dieu et diable à chacun des enterrements que réalise sa société funéraire. Mais sans qu’il en comprenne le moindre du monde la raison, à chaque fois qu’il vient rendre visite à sa succursale parisienne et qu’il indique son nom pour confirmer sa réservation auprès du chauffeur de taxi, la même scène se reproduit et il se fait pourchasser comme un vaurien. Une fois même, ils se sont mis à une quinzaine à le poursuivre avec leurs voitures.

Cette année encore, alors que le monde devrait être apaisé pour les fêtes de fin d’année, Hubert Pope s’est retrouvé au milieu d’un cortège de conducteurs qui hurlaient son nom et semblaient lui promettre les pires des souffrances s’il ne disparaissait pas. C’est décidé, Hubert Pope va fermer son agence française et il ne reviendra plus jamais dans ce pays de fous. Des amis lui ont parlé de l’Espagne ou des Pays-Bas. Peut-être sera-t-il mieux accueilli là-bas.