Roissy/Charles de Gaulle – Un homme de 45 ans, bagagiste sur l’aéroport international Roissy-Charles de Gaulle de Paris, a été licencié parce qu’il travaillait trop vite, faisant croire aux passagers que les bagages pouvaient ainsi être récupérés très rapidement à la descente d’avion et occasionnant de nombreux imbroglios avec ses collègues, peu habitués à un rythme de travail dépassant les 12 valises à la minute, comme il est clairement indiqué dans les consignes d’un tract confidentiel de la CGT Aviation.

Les procédures sont pourtant clairement expliquées et détaillées. D’abord, attendre 20 minutes avant de mettre en route le tapis à bagages puis l’arrêter après 5 minutes afin de doucher l’attente et l’espoir des passagers. Le redémarrer ensuite au bout de 5 minutes. Il faut ensuite attendre encore 10 minutes avant de placer la première valise ou le premier sac puis ne pas dépasser la cadence de 10 à 12 valises minutes. Essayer également de placer les valises à l’envers ou les plus lourdes sur les sacs qui semblent les plus fragiles. De plus, il faut régler la vitesse de déplacement la plus lente afin que les voyageurs aient l’impression que leurs valises et colis arrivent tous ensemble. Pour n’avoir pas respecté ces impératifs, Jean-Luc est passé en conseil de discipline et a finalement été licencié pour incompatibilité d’humeur et droit de retrait de ses collègues. Le délégué syndical a clairement admis qu’il ne pouvait être question de voir des employés, non encartés, battre en brèche les acquis d’une lutte permanente des travailleurs contre le patronat oppresseur et que celui-ci se rende compte que la distribution pouvait être faite avec deux fois moins de monde. Si maintenant, en plus, les passagers venaient à se rendre compte que leurs bagages pouvaient leur être distribués beaucoup rapidement que l’habitude qu’ils ont eu de les attendre jusqu’à une heure parfois sur les plus grands aéroports français, nous assisterions là à une totale régression des symboles et des traditions de notre pays. La CGT a menacé le Ministre des Transports Frédéric Cuvillier de faire rentrer tous les salariés en congés maladie de complaisance et de les mettre en grève le dernier week-end d’Août si les embauches n’étaient pas mieux filtrées pour éviter de retomber dans des situations aussi embarrassantes.

Jean-Luc, qui s’est déjà fait licencier de plusieurs administrations pour dynamisme indécent au travail et absence préjudiciable de pauses, n’a pas fait appel. Il a décidé, plutôt que de décharger les bagages des avions, d’en prendre un pour un pays où son envie d’œuvrer efficacement pour la communauté serait la bienvenue. Malheureusement, quand il est arrivé dans son nouveau pays d’adoption, sa valise ne l’avait pas suivie et sa réclamation n’a eu aucun effet.