New York – Lorsqu’une des hôtesses du vol d’American Airlines qui était en approche de l’aéroport Kennedy de New York a ouvert un des équipets de service dans la zone de repos de l’équipage et que les alarmes incendie se sont mises à retentir dans tout l’appareil, elle ne savait pas encore, du moins avant de s’évanouir en respirant l’odeur pestilentielle qu’elle venait de libérer, qu’elle allait être à l’origine de la découverte du plus grand scandale alimentaire des dix dernières années de l’aviation civile commerciale américaine.

Tous les extincteurs automatiques de l’avion, toutes les alarmes anti-incendie se sont déclenchés au même instant, obligeant les pilotes à déclarer l’urgence et diffusant leur ‘mayday’ sur toutes les fréquences alors que l’appareil était en piqué vers le sol. Plusieurs passagers ont été pris de vomissements compulsifs, ce qui a rendu l’atmosphère plus irrespirable encore et même fêlé quelques hublots qui ont pourtant tenus jusqu’à l’atterrissage. L’équipage s’est mis à pleurer en criant les instructions dans le micro et tous les passagers qui n’étaient pas évanouis ont pris la position de crash, la tête dans les genoux et les mains croisées sur le haut du crane. Seuls les pilotes qui avaient mis leurs masques respiratoires semblaient encore valides et aptes à diriger l’avion jusqu’à la piste où attendaient les services de secours. L’atterrissage a été violent mais n’a rien endommagé et l’appareil s’est arrêté en bout de piste. Les services de secours ont ouvert les portes et les premiers sauveteurs se sont également évanouis en respirant l’odeur pestilentielle qui s’échappait de l’intérieur de la cabine où tout semblait presque déjà mort. Le HAZMAT a été immédiatement appelé, pendant que l’aéroport était bouclé, et les autoroutes menant à Kennedy détournées. Après avoir enfilé leur combinaison pendant que des drones à chenilles transmettaient des images de l’intérieur qui renvoyaient à un spectacle d’horreur. Tout le monde était mort dans d’horribles souffrances. Plusieurs passagers avaient essayé de briser les hublots avec leurs poings, deux autres ont été retrouvés arque-boutés sur la poignée d’ouverture de la porte arrière, dans une tentative désespérée de vouloir l’ouvrir.

Pendant plus d’une semaine, les équipes d’experts ont travaillé à désinfecter l’avion, évacuant des tonnes de corps en putréfaction, de sièges en décomposition, arrachant le revêtement intérieur afin de découvrir la cause de cette odeur meurtrière au bilan très lourd. Puis, un matin, alors qu’une stagiaire inspectait la zone de repos de l’équipage, elle a découvert une bouillie marron et verte qui a dissous la spatule avec laquelle elle en recueillait un échantillon. Le coupable était trouvé. Pendant des années, une hôtesse, qui détestait le roquefort français et voulait protéger ses compatriotes de la consommation de ce répugnant mélange de lait cru et de moisissures, avait volé le fromage des plateaux-repas et l’avait stocké dans un compartiment de la zone. A sa retraite, à 66 ans, après 30 années de bon et loyaux services, elle avait oublié la centaine de kilos qu’elle avait caché dans l’appareil. Le fromage avait alors fermenté puis commencé à attaquer la paroi de l’avion, provoquant le carnage. La FDA, l’organisme américain de la surveillance alimentaire a de nouveau émis ses réserves sur la consommation des fromages au lait cru. L’ambassadeur de France a demandé une enquête complémentaire et a mangé du Roquefort en direct chez Oprah pour prouver l’innocuité de ce produit français. L’avion a finalement été mis à la casse, l’odeur ne pouvant être enlevée.