Paris – Etienne Grammond pensait avoir trouvé la solution à ses problèmes de couple et était persuadé que personne ne découvrirait la ruse subtile qu’il avait employée pour empêcher sa femme de rentrer du Maroc où elle avait été passer quelques jours de vacances avec ses copines du bureau, en célibataires.

Travaillant à l’aéroport d’Orly Sud et ayant accès comme beaucoup de personnes de l’administration aux terminaux des services de contrôle, il avait imaginé une solution simple et efficace qui était tout simplement d’inscrire les nom et prénoms de sa femme sur la ‘no-fly list’, la liste noire des personnes interdites de prendre l’avion à destination de l’Europe ou des États-Unis. Ainsi, le croyait-il, elle n’aurait plus de moyen de revenir lui casser les pieds dans leur deux-pièces de Garches et il pourrait ainsi tranquillement inviter ses potes à la maison, boire de la bière et manger des pizzas sans entendre de hurlements autres que ceux poussés lors d’un but de l’équipe du Paris Saint-Germain. Pendant près de deux mois, il a ainsi connu une paix royale et pensait s’être débarrassé à très bon compte de sa femme. Et puis, l’esprit d’entreprise l’ayant titillé, il a conçu l’idée un peu folle que beaucoup d’hommes pouvaient avoir une même demande légitime et s’est alors dit qu’il pouvait proposer, contre rémunération, d’inscrire sur cette liste des personnes n’ayant plus le droit de venir en Europe d’autres épouses irascibles. Bien évidemment, tout ceci contre rémunération afin d’arrondir des fins de mois difficiles et de pouvoir renouveler l’abonnement en tribune du PSG pour l’année prochaine. Si Etienne n’avait pas eu les yeux plus gros que le ventre et surtout, s’il n’avait pas ouvert un site web afin d’élargir sa clientèle, peut-être que tout ceci n’aurait jamais été révélé et qu’il aurait pu continuer son trafic un long moment. Toujours est-il que les consulats français, submergés d’épouses qui ne pouvaient plus rentrer chez elles après avoir effectué un voyage, seule, à l’étranger, ont commencé à s’interroger sur ce phénomène et le subterfuge n’a pas été long à découvrir.

Plus d’une centaines d’époux inconsolables ont eu l’énorme surprise de voir revenir leur moitié, furieuses après que les services d’immigration leur aient tout expliqué. Quelques uns sortiront de l’hôpital dans quelques semaines et pourront ensuite, sans aucun doute, se rendre à la convocation des policiers. Etienne, quant à lui, a fait la seule chose qu’il pouvait faire. Il a pris un billet aller pour l’Argentine et s’est lui-même enregistré sur la ‘no-fly list’ avant de partir.