Vladivostok – Marina Vladimirovna Antipova a cru sa dernière heure arriver alors qu’elle préparait le bortsch traditionnel dans sa cuisine lorsqu’elle a entendu une énorme explosion suivie d’un grand fracas avant que les murs de son petit appartement communautaire ne se fissurent puis éclatent pour laisser passer l’avant d’un Illioutchine IL18 de la compagnie aérienne nationale.

L’appareil, qui arrivait de Moscou-Domodedovo, venait de rater son atterrissage sur l’aéroport voisin et n’avait pu s’arrêter avant de franchir la clôture de protection, écraser quelques voitures sur un parking et finalement, terminer sa course dans un immeuble à proximité. Marina, qui venait de rentrer du centre de tri postal où elle travaille depuis la chute du mur, était dans sa cuisine lorsque l’accident a eu lieu. Par chance, elle n’a pas été blessée mais juste choquée par l’explosion et la surprise. Les secours l’ont dégagée d’un amas de gravats et de débris, choquée mais vivante et ont pensé un instant qu’elle comptait au nombre des passagers avant de s’apercevoir qu’ils venaient de retrouver l’occupante des lieux. Étrangement, l’avant de l’avion s’était inséré dans une partie de l’appartement sans abîmer le côté où se trouvent les chambres et l’entrée, ce qui a donné des idées à Marina pour aménager son lieu de vie une fois les débris enlevés et gagner ainsi un peu de surface. En laissant ouverte la porte d’accès à la carlingue, elle a pu refaire sa cuisine avec celle de l’avion, transférer la salle de bains dans ce qui était le cockpit et faire un salon avec la partie où se trouvaient les Premières Classes. Elle a gagné aussi énormément de rangements grâce aux coffres à bagages et une cave accessible par une trappe au milieu de la cabine. Comme elle le dit elle-même: «Maintenant, avec son augmentation de surface et de confort, mon coquet petit appartement de la banlieue de Vladivostok vaut presque autant que le même qui serait situé dans le centre-ville».

Certes, l’appartement sent encore un peu le kérosène et l’huile moteur mais son beau-frère, qui travaille à l’aéroport, lui a confirmé que ces odeurs devraient disparaître avec le temps. L’arrière de l’appareil, ainsi que les ailes, ayant été enlevés par les équipes techniques venues dégager les passagers, Marina regrette de n’avoir pas été autorisé à les garder. Avec cette place supplémentaire, elle avait déjà prévu de s’inscrire à Airbnb pour améliorer son quotidien.