Châteauroux – C’est une bourde conséquente qui va très certainement peser très lourd sur les comptes et la santé financière de la société Recycling AeroLogic lorsque les avocats auront fini de calculer le préjudice porté à la compagnie aérienne Malaysia Airlines qui n’avait certainement pas demandé à ce que ce soit un appareil prévu en peinture qui soit déconstruit pendant que son sistership qui, lui, devait être effectivement découpé en rondelles, soit repeint à neuf à la place du premier.

Fernand Ladoux ne sait comment justifier cette terrible méprise. Les deux Airbus A330 étaient arrivés une semaine auparavant et parqués l’un à côté de l’autre, dans l’attente, pour l’un, arrivé en fin de potentiel après 24 années de bons et loyaux services, d’être déchiqueté par les broyeuses et transformés en canettes d’aluminium, pour l’autre, d’être décapé de son ancienne peinture afin que les équipes de Châteauroux lui appliquent les nouvelles couleurs et le nouveau logo de la compagnie aérienne. L’erreur faite par le contrôle technique peut être expliquée et comprise, dans une moindre mesure, par la confusion entre les deux immatriculations, très proches l’une de l’autre et que les techniciens ont certainement lues trop rapidement sans effectuer la moindre vérification. Le premier Airbus, immatriculé 9M-MOR, le second, 9M-MQR, devaient chacun connaitre une destinée différente mais ont fini par l’échanger sans l’avoir décidé. S’étant rendu compte, tardivement de l’erreur, les équipes de peinture et de découpage ont essayé d’échanger les immatriculations afin que la bourde ne soit pas découverte par les responsables de Malaysia Airlines. La compagnie aérienne, qui a rencontré quelques difficultés ces derniers temps avec la perte de deux appareils dans des circonstances épouvantables, ne s’est pas aperçue immédiatement du subterfuge et ce sont les deux pilotes qui avaient emmené les appareils qui se sont étonnés de ne pas retrouver dans l’avion qu’ils devaient ramener une fois peint, les couvre-sièges en billes de bois, le sapin magique et les points Total Aviation qu’ils avaient laissés dans le cockpit en arrivant. Ils ont fait le tour de l’aéroport en voiture et sont finalement arrivés sur le chantier de découpage où ils ont reconnu les morceaux de l’autre avion. Les ouvriers ont bien essayé de leur faire croire qu’ils se méprenaient et devait ramener l’appareil fraichement repeint à Kuala Lumpur mais rien n’y a fait. La direction de Malaysia Airlines a envoyé des ingénieurs afin de procéder aux vérifications et une équipe d’avocats s’est également rendue sur place pour établir les premières constatations et élaborer la plainte. Fernand a bien essayé d’expliquer que tous les mercredis, à la cantine, il y avait des pâtes au fromage au menu et que l’après-midi, avec le ventre rempli de pâtes au fromage, il devenait difficile de réfléchir, mais rien n’y a fait.

Le pire est que l’avion repeint a dû être broyé également puisqu’il devait l’être initialement et ne pouvait, de toutes manières, plus continuer à voler à cause de son âge. Malaysia Airlines vient donc de perdre à nouveau deux appareils dans des circonstances abracadabrantesques, peu glorieuses pour l’industrie française. Une demande d’indemnisations a été déposée auprès du ministère qui envisage de donner deux avions d’Air France en échange de cette boulette. L’Élysée pense même ajouter deux Rafales à la proposition. Malaysia Airlines réserve encore sa réponse.